5 questions à Murielle Szac

MSzac©Bruno DouceyCinq questions à Murielle Szac qui publie « Le Feuilleton d’Ulysse »

 

Comment est née l’idée de cette collection « Le feuilleton de… »?

J’ai toujours gardé en mémoire mes premières rencontres à huit ans avec la mythologie. Aussi lorsque Marie-Agnès Gaudrat, directrice des rédactions Petite enfance de Bayard , m’a donné pour mission de réfléchir à la manière de remettre à disposition des plus jeunes les mythes de toujours, j’ai replongé avec délectation. J’étais loin de me douter de l’incroyable odyssée dans laquelle je me lançais. Je me suis aperçue que l’on continuait à raconter ces histoires en tranches, comme si elles étaient indépendantes les unes les autres ! Pour moi ces dieux et ces héros ne cessent de se croiser et recroiser, comme dans les feuilletons du XIXe siècle à la Eugène Sue. Voilà comment a germé l’idée de tricoter cent épisodes. À une époque où les petits exigent la satisfaction immédiate de leur désir, et sont bombardés de sollicitations multiples, j’ai eu envie de fabriquer de la continuité et de permettre à mon lecteur d’apprendre à attendre, à imaginer la suite. D’où le suspense et le « À suivre »…

La mythologie plaît. En quoi est-elle toujours actuelle?

La mythologie grecque regorge d’espaces de projection de nos angoisses existentielles. Elle porte en elle toutes les interrogations qui fondent l’humain, et qui rejoignent en profondeur les petits comme les grands. Dans cette époque où il faudrait tout réussir tout de suite, tout savoir en un clic, comme ils font du bien ces grands héros qui grandissent de leurs erreurs et leurs échecs… Ces héros qui cherchent à répondre aux mêmes questions que chacun se pose : comment est né le monde ? Pourquoi la violence ? Le mal ? Pourquoi la mort ? D’où vient la peur ? La nuit ? Et moi d’où je viens ?

Vos livres sont très utilisés en classes. Comment réagissent les enfants que vous rencontrez?

Ils se prennent de passion pour les dieux, les déesses et les héros. Ils en parlent très vite comme de vieilles connaissances. Ils ont même souvent retenu les noms compliqués mieux que moi ! Il n’est pas rare qu’un enfant qui ne lit pas se mette d’un seul coup à lire avec les feuilletons. Je ne me lasse pas de découvrir cet appétit là. Et de très nombreux enseignants ont un rituel : ils lisent un épisode par jour et la classe entière en redemande.

Quel âge ont-ils?

Les plus jeunes de mes lecteurs ont quatre, cinq ans, les plus âgés sont en maison de retraite ! On aurait tort de penser que ces histoires fabuleuses ou héroïques ne s’adressent qu’aux collégiens. Bien au contraire ! De même que lire à voix haute à des enfants qui savent déjà lire est un cadeau formidable pour eux. Ces livres sont écrits pour être partagés en famille avec les enfants d’âge différent, tous ensemble, et ça marche.

Quels sont vos projets d’écriture ?

J’ai publié plus d’une quinzaine de livres : chacun d’entre eux a toujours répondu à une nécessité intérieure impérieuse. Des personnages viennent frapper à ma porte jusqu’à ce que je ne puisse pas faire autrement que de leur ouvrir…Par exemple j’ai écrit une nouvelle, un Roméo et Juliette moderne, qui va paraître chez Actes sud junior,  eh bien à ma grande surprise, le fils de l’une de mes héroïnes y refait surface ! Après toutes ces années passées du côté de l’Olympe, je pense que la prochaine fois que la porte s’ouvrira nous ne serons sans doute pas très loin de la Grèce… À moins que les flambées de haine qui nous environnent dans ce monde mettent ma plume dans une autre urgence. Je veux me laisser surprendre…